mardi 25 octobre 2011

Chapitre 20

"Bonjour Enola. Qu'est-ce qui t'amène ?" demande la mère d'Eden, un peu surprise en ouvrant la porte.
"Bonjour Madame Rivier. En fait, j'aurais voulu récupérer un livre que j'avais prêté à Eden avant qu'il ne parte. Il vous en a parlé, non ? Il a oublié de me le rendre et avec ce temps, je manque un peu d'occupations alors..."
"Aucun problème Enola, tu n'as qu'à aller voir dans sa chambre. Il a du le laissé là-bas. »
C’est ce qui s'appelle passer comme une lettre à la poste.
"Oh merci, vraiment...", lance la fillette en entrant, un sourire radieux sur les lèvres.
"Mais de rien", balbutie Caroline, un peu étonnée par l'enthousiasme affiché par Enola.
La maison de son meilleur ami, la petite fille la connait par cœur. Elle se dirige droit vers la chambre d'Eden et en poussant la porte, aucune surprise. Tout est parfaitement rangé. Pas un livre qui ne dépasse de la bibliothèque. Cette obsession pour l’ordre, après toutes ces années, Enola a toujours autant de mal à s’y faire. Mais aujourd'hui, elle n'est pas venue pour commenter les petites manies de son ami. Voilà la trappe qu'Eden lui a indiquée. Une petite pression sur le coin, en bas à droite et comme par magie, la petite porte s'entrouvre. Comment Enola n'a-t-elle pas découvert cette cachette plus tôt ? Pendant quelques secondes, elle tâtonne de la main. Et le voilà enfin, le fameux "sac à trésors". À peine Enola l'a-t-elle attrapé qu'elle est saisi d'une envie quasi irrépressible de l'ouvrir pour réexaminer les pièces qu'il contient. Juste là, tout de suite. Mais, n’est-ce pas plutôt pour revivre cette expérience étrange de retour au temps de son enfance. Difficile de résister. En même temps, impossible de prendre le risque. Elle ne peut pas se permettre de s'éterniser sans raison dans la chambre d'Eden. Caroline Rivier pourrait entrer à tout moment. Alors, la fillette cache le sac sous sa veste et se saisit au hasard d'un livre sur l'étagère de son ami.
"Au revoir Madame Rivier et merci encore", lance Enola en claquant la porte derrière elle.

Maintenant qu'Enola a récupéré les morceaux de plastique mystérieux, elle pourra les étudier à volonté. Mais, est-ce bien prudent ? Il sera pourtant difficile pour elle de résister plus longtemps à sa curiosité. Que pourrais-tu lui conseiller, cher lecteur ?

mardi 18 octobre 2011

Chapitre 19

Depuis deux jours, les paroles d’Ellis tournent et retournent dans la tête d’Enola. La conclusion à laquelle la fillette est arrivée est plutôt inquiétante. Le 21 juin dernier, il s’est passé quelque chose à Cabanian qui a peut-être un rapport avec la fin du monde. Sans parler de cet évènement survenu dans son enfance et qui semble lui aussi lié à la catastrophe qui s’annonce pour 2012. Toutes ces craintes, elle en a bien sûr immédiatement fait part à Eden dans un long e-mail. Et pour l’instant, pas de réponse de la part du jeune garçon.
Mais aujourd’hui, c’est dimanche et la petite fille aimerait réussir enfin à se changer les idées. Alors au programme, après-midi télé devant un film choisi par Denis Kimi. Enola sait bien que son papa aime les vieux films en noir et blanc. Qu’à cela ne tienne, elle s’en contentera.
« Tu viens Enola », appelle Denis depuis le salon.
Et la fillette dévale les escaliers, contente à l’idée de passer un bon moment avec son papa.
« C’est quoi le film du jour ? » demande-elle en se saisissant de la pochette du DVD.
Le Grand Secret… Décidemment, elle n’y échappera pas. Cependant cette fois, aucun rapport avec les Mayas.
« C’est l’histoire du Colonel Tibbets, le pilote du bombardier qui a largué la toute première bombe atomique sur Hiroshima », explique Denis.
« Je suis sûr que ça va t’intéresser », ajoute-t-il en voyant la mine déconfite de sa fille.
« Oui bon, de toute façon, il pleut alors… », marmonne Enola en s’installant confortablement sur le canapé pour mieux affronter l’ennui.
Mais à la grande surprise de la petite fille, les minutes passent et l’histoire qui est racontée là, commence à réellement la toucher. Du fait, peut-être bien, des analogies avec ce qu’elle-même est en train de vivre depuis quelques semaines. Ce Colonel Tibbets qui s’apprête à accomplir un acte terrible, à enlever en une seule seconde des milliers de vies, se retrouve seul face à ses responsabilités. Contraint au secret absolu, il ne peut parler ni de ses difficultés, ni de ses états d’âme à ses amis, à sa famille. Et lorsqu’Enola entend prononcer ces mots par la dévouée femme du colonel :
« Enola… quel drôle de nom ! »
Elle manque de s’étouffer.
« Papa… »
 « Chut… Tu connais la règle. On regarde jusqu’au bout et on discute après », rappelle Denis.
A l’écran, les choses vont de mal en pis pour Paul Tibbets. La pression monte. Jusqu’au jour J.
« Maman j’ai peur. Peut-être ai-je peur de faire une bêtise. Peut-être suis-je effrayé à l’idée de lâcher une bombe capable à elle seule de tuer des milliers de gens. J’ai peur pour mes fils. J’ai peur pour le monde. »
La confession du colonel est émouvante. Mais sa réponse à la question posée l’instant d’après par son mécanicien porte le coup de grâce à Enola.
« Il nous faut un nom pour l’appareil, Colonel Tibbets. »
« Appelez le Enola Gay. »
« Alors le bombardier qui a lâché sur Hiroshima la première bombe atomique, celle qui a tué 80 000 personnes, ce bombardier portait mon nom », ne peut s’empêcher de relever Enola à voix haute.
Quelques minutes plus tard, le générique de fin défile sur l’écran et Denis se tourne vers sa fille.
« Il faut que tu comprennes Enola. J’ai voulu te montrer ce film pour que tu comprennes. »
« Que je comprenne quoi ? Que mon prénom est synonyme de l’un des pires massacres jamais perpétré par l’être humain ? »
« Tu n’y es pas. Si nous avons décidé de te donner ce prénom, c’est justement pour provoquer le destin. Enola. Avec un tel prénom, tu ne pouvais que devenir une femme responsable, une femme soucieuse du bien être d’autrui. Et aujourd’hui, tu n’as que 10 ans mais regardes toi… Je crois que ta maman et moi, nous avons gagné notre pari », explique Denis, des larmes de fierté dans les yeux.
Mais ce discours ne semble pas avoir convaincu la fillette.
« Moi qui voulait me changer les idées… », soupire-t-elle en quittant la pièce, son fidèle Fantom sur ses traces.

Toi aussi, cher lecteur, il était temps que tu saches d’où venait ce prénom un peu original d’Enola. Notre jeune amie va encore en avoir des choses à raconter à Eden ! Et cette nouvelle révélation devrait l’encourager encore un peu plus dans sa volonté de percer le mystère qui semble entourer sa vie toute entière. La suite au prochain chapitre…

mardi 11 octobre 2011

Chapitre 18

Le soleil est enfin revenu et, allongée dans l'herbe, Enola dévore son livre. Elle en est bientôt à la fin. Mais, en réalité, elle espère surtout qu'Ellis fera son apparition. L'occasion pour la fillette d'aborder avec son voisin, le sujet des Mayas. Alors qu'elle n'y croit plus et s'apprête à regagner l'intérieur pour prendre son goûter, le voilà enfin qui sort dans son jardin.
"Bonjour Enola. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu", l’interpelle-t-il.
"Bonjour Ellis. Oui, c'est vrai. Nous avons du être bien occupés, chacun de notre côté", suggère Enola.
"Sans doute", confirme Ellis
"Mais, tu rentrais ?"
"J'allais prendre mon goûter."
"Ah... Ça te dirai de venir boire un chocolat et manger quelques gâteaux avec moi ? Tu me tiendrais un peu compagnie", propose Ellis.
Enola saute sur l'occasion. Fantom sur ses talons, elle rejoint son voisin sur sa terrasse.
"Tiens, installe toi, je vais chercher de quoi faire", propose Ellis.
"Heu… mon chocolat, je le prendrai froid, s'il vous plait", ose Enola et Ellis acquiesce d’un sourire.
Quelques minutes plus tard, le vieil homme réapparait avec un plateau chargé de victuailles.
“Eden n’est pas avec toi aujourd’hui ?”
“Non, il est parti pour finir les vacances avec son père. Ça fait déjà presque un mois”, explique Enola.
“Aille… et tu ne t’ennuies pas trop sans lui ?”
“Oh ben si, quand même. Avec ce mauvais temps en plus. Heureusement qu’il me reste Fantom”, confie la fillette.
“Allez tiens, mange un morceau de ce gâteau au chocolat, ça ira mieux”, suggère Ellis avec un sourire amical.
Comment Eden peut-il se méfier à ce point de lui. Vraiment, Enola ne comprend pas. Il est tellement gentil avec elle. Peut-être un peu trop, justement…
“Enfin bon, j’en profite pour lire pas mal. Et puis, mon papa m'a fait découvrir un chouette dessin animé. Vous connaissez peut-être. Les Mystérieuses Cités d'Or ?”, poursuit la fillette, la bouche pleine.
“Mais oui, bien sûr. L'histoire de trois jeunes enfants au pays des Incas, c'est bien ça ?”
Voilà la parfaite occasion pour faire dévier la conversation sur les Mayas. Enola n’hésite pas une seconde et elle fait bonne pioche. Ellils en connait un rayon sur la question. L’ancien journaliste raconte ainsi à la petite fille que la civilisation Maya est l’une des plus anciennes d’Amérique du Sud et qu’elle a connu son apogée autour du Xe siècle.
“Pendant longtemps, on pensait qu’à son âge d’or, le peuple Maya était laborieux et éminemment pacifiste. On s’imaginait alors que les Mayas passaient le plus clair de leur temps à la contemplation des astres. Et c’est vrai qu’ils ont beaucoup contribué à faire progresser l’écriture, l’art, l’architecture, les maths ou encore l’astronomie. Par contre, on sait maintenant que les Mayas étaient aussi de grands guerriers”, raconte Ellis.
“Mais, tu as peut-être plus entendu parlé de cette histoire de fin du monde très à la mode en ce moment”, poursuit-il.
“Oui, c’est vrai”, ment Enola. Elle n’a absolument rien lu de tel pour l’instant mais son intérêt pour les Mayas se trouve bien entendu immédiatement décuplé.
“Vous en savez un peu plus sur le sujet ?”
“Et bien oui. J'ai écrit pas mal d'articles sur la question. Un peu comme nous, les Mayas avaient mis au point un calendrier pour se repérer dans le temps. Seulement, ce calendrier était bien plus compliqué que le nôtre. Je ne pourrais pas te l’expliquer. Toujours est-il que certains prétendent que le calendrier Maya prendrait fin le 21 décembre 2012 et en concluent donc que la fin du monde serait pour cette date”, explique Ellis.
2012. Voilà un chiffre qui résonne dans la mémoire d’Enola. L’un des chiffres obtenus après le déchiffrage des symboles inscrits sur l’un des morceaux de plastiques. Cette fois, le mystère prend un tour un peu trop sérieux aux yeux de la petite fille.
“Mais, n’aie pas trop peur quand même. Tu sais, la fin du monde a déjà souvent été annoncée et pourtant, nous sommes toujours là”, précise Ellis qui a peut-être décelé un brin d’inquiétude dans le regard de la fillette.
“Et puis, d’autres théories place la fin du calendrier Maya au 28 octobre 2011 et d’autres encore en 2220 alors…”
Maintenant Enola n'a plus qu'une seule envie. Parler à quelqu'un de ces étranges pièces en plastique mais aussi des drôles de visions qu'elle a eu avec Eden à leur contact.

Voilà cher lecteur qui relie définitivement notre petite Enola à la menace de fin du monde qui pèse sur l'humanité. On peut dire qu'Ellis a été plutôt prolixe sur le thème des Mayas mais, la fillette peut-elle pour autant maintenant lui faire confiance et lui parler de la découverte qu'elle a faite avec Eden ? Je te laisse en juger.

mardi 4 octobre 2011

Chapitre 17

“Shhh… Flop. Flop.”
Ce matin là ne ressemble pas à un matin d’été. Dehors, la pluie tombe fort. Dans son lit, Enola est blottie sous sa couette.
“Encore une journée à occuper à l’intérieur on dirait”, soupire la fillette, à peine éveillée.
“Hhhmmm”, lui répond Fantom.
“Allez viens, on va prendre un bon petit déjeuner et on verra après”, propose Enola à son compagnon à quatre pattes sur un ton morose.
Depuis le début des vacances, la météo est plutôt maussade. Il y a bien eu quelques jours de grand beau temps, par ci, par là mais, l’été n’est pas radieux. Et la petite fille s’en lamente chaque jour un peu plus. Elle qui adore passer ses vacances au grand air. Promenades avec Fantom, balades à vélo, rêveries dans le jardin. Avec la pluie, tout tombe à l’eau !
“Si au moins Eden était là, on pourrait s’amuser un peu”, marmone Enola en descendant les escaliers.
“Bonjour Enola”, lance Lise Kimi alors que sa fille entre dans la cuisine, tête basse.
“Ouh là là, c’est pas la forme ce matin on dirait !”
“Bonjour maman… Pppfff, il pleut… encore”, se plaint Enola.
“Et si je te disais que justement, j’ai une petite surprise pour toi ?”
Lise le sait, sa fille adore les surprises. Un sourire hésitant se dessine sur ses lèvres.
“C’est vrai ? C’est quoi ?” questionne Enola avec impatience.
“Commence plutôt ton petit déjeuner. Je vais aller te chercher ça”, répond sa maman.
C’est donc avec une joie retrouvée que la fillette s’attable devant son pain au chocolat. Assis à ses pieds, Fantom n’attend qu’une seule chose : que sa petite maîtresse en finisse et qu’elle lui laisse laper le fond de son bol.
“Qu’est-ce que c’est ?” demande Enola en voyant Lise revenir, les bras chargés de DVD.
“C’est une idée de ton père. Il adorait ce dessin animé quand il était petit”, explique Lise en tendant le coffret à sa fille.
“A mon avis, tu vas aimer.”
“Tu viens Fantom, on va voir ça tout de suite…” lance Enola sans même réellement prendre le temps de regarder de quoi il s’agit.
Un dernier coup de langue dans le fond du bol de chocolat et le labrador suit joyeusement la fillette jusque dans le salon.
“Merci maman. Et puis si ça ne te dérange pas, tu rangeras ma vaisselle aussi”, irone Lise, restée seule dans la cuisine, en ramassant le bol laissé par terre.
Dans le salon, Enola a déjà lancé le premier DVD. Les mystérieuses Cités d’Or. Elle n’a aucune idée de ce qui l’attend mais, rien qu’au titre, elle adore. Le dessin sur la jaquette et les premières images qui apparaissent sur l’écran lui donnent une impression bizarre. La fillette marque un temps d’arrêt. Non, la coïncidence serait trop grande. Elle lance le premier épisode.
“…des quatre coins de l’Europe, de gigantesques voiliers partent à la conquête du Nouveau Monde. A bord de ces navires, des hommes avides de rêve, d’aventure et d’espace, à la recherché de fortune.
Qui n’a jamais rêvé de ces mondes souterrains ? De ces mers lointaines peuplées de légendes ? Ou d’une richesse soudaine qui se conquerrait au détour d’un chemin de la Cordillère des Andes?
Qui n’a jamais souhaité voir le soleil souverain guider ses pas, au coeur du Pays Inca, vers la richesse et l’histoire des mystérieuses Cités d’Or ?”
Alors que les premières notes du générique raisonnent dans le salon des Kimi, Enola se tourne vers Fantom, paisiblement allongé à ses côtés.
“Bon d’accord, c’est pas les Mayas, c’est les Incas. Mais quand même…”, chuchote-t-elle avant de se laisser absorber par l’histoire d’Esteban.

Une fois n'est pas coutume, cher lecteur, pas de question cette semaine. Mais, comme il te reste encore quelques choix à faire sur d'autres chapitres, c'est peut être l'occasion d'y penser... Comment Enola s'introduira-t-elle dans la chambre d'Eden, par exemple ? Ou encore que représente le dernier symbole trouvé pour le second objet en plastique ?